La période romane s'ouvre aux images, elle favorise intensément leur développement. Des miniatures des manuscrits aux fresques et aux sculptures, l'image foisonne tout en évoluant profondément. Le mot lui-même émerge dans la langue romane au XIe siècle pour désigner tout autant ce que produit notre imaginaire que la figure sculptée : l'imagier désigne alors le sculpteur, et non le fresquiste.

Ce moment de profond bouleversement des images elles-mêmes, de ce qu'on perçoit d'elles et du rôle qu'on leur assigne, est précieux, car fondateur en quelque sorte de notre image au sens moderne.

Approcher ces images aujourd'hui, les goûter et s'en nourrir, nécessite d'en situer le contenu (par exemple d'où vient le bestiaire et que dit-il aux hommes de l'époque), mais aussi d'en appréhender le style et l'évolution. Et si ces pierres nous parlent ou nous questionnent maintenant, c'est aussi avec la médiation d'une écriture sensible qu'on peut les rencontrer. Ces images tressent en nous des échos, elles nous touchent. Ces pages cherchent donc à créer du dialogue, entre elles et nous, entre leur monde et le nôtre.