Un choix de miniatures conservées au Matenadaran, datant de 989 au XVIIe siècle, avec l'éclairage du conservateur du Musée des Beaux-Arts d'Erevan, Lydia A. Dournovo

Le Matenadaran, l'institut de recherche sur les manuscrits à Erevan, dispose d'un fonds de plusieurs milliers de manuscrits enluminés. Quand ce livre paraît en 1960, c'est une des premières fois qu'une sélection de ces miniatures est publiée hors de l'Arménie. Cette première fois est une réussite éditoriale : presqu'un demi-siècle après sa parution, les reproductions en couleur, chacune collée sur les pages du livre, ont gardé une étonnante fraîcheur.

L'art arménien de la miniature date sans doute des Ve ou VIe siècles, dit l'auteur dans son introduction. Deux tendances cohabitent. Un art ornemental simple, avec peu de personnages, et des matériaux bon marché : une peinture spontanée de moines pour les gens dont ils partageaient la vie. Et puis l'art des grands monastères, commandité par des personnalités religieuses ou civiles de premier plan, où l'on emploie l'or souvent, où le propos artistique est plus fouillé. Evidemment, la production a suivi les fluctuations de l'histoire, mais la Cilicie a été un lieu de création remarquable, tout autant que l'Arménie orientale. Le livre présente aussi des exemples de miniatures exécutées en Crimée ou à la Nouvelle Djoulfa à Ispahan.

Quatre-vingt quatre planches grand format sont commentées dans un texte de quelques lignes, qui situe le style, la structure de la miniature, son contexte, ceci dans une progression chronologique. Les manuscrits importants sont représentés par plusieurs planches et c'est là une initiative judicieuse, qui permet au regard un vrai parcours dans quelques oeuvres. Ainsi, quatre planches pour l'Evangile de 1038, où l'on se perd dans l'admirable des visages peints d'un trait fin, presque gracile, et qui livrent pourtant de cette trace minime une extrême puissance d'expression.

Tout serait à décrire, mais les mots sont vains, qui ne donnent qu'à pressentir l'ampleur des images. Feuilleter ce livre, s'attarder sur les détails, les traits, les couleurs, c'est se laisser enchanter par ces oeuvres, comme lorsqu'on regarde les originaux, à travers les vitrines, au Matenadaran d'Erevan.

Miniatures arméniennes
Lydia A. Dournovo
Editions Cercle d'Art (1960)
192 pages, 25 cm x 32,5 cm