Se souvenir des images
quand nous marchions dans la lumière
à la hauteur des fleurs du jardin,

les images légères de l'enfance
quand le monde est ouvert encore
et qu'on partage le champ des sourires
des craintes.

Les images de l'enfance du monde
sont couchées dans la pierre, elles dorment,
elles attendent notre regard pour vivre encore
les images flottent
elles ne sont pas le monde
elles ne sont pas nous-mêmes.

 Les images sont dans la pierre,
celles des étranges sirènes
des animaux tout en rond
du dragon
qui mange le visage,

dans les pierres il y a
toutes les craintes tous les espoirs, entrelacés,
le monde d'avant
quand le monde était encore dans son enfance légère
quand les fleurs des jardins,
les paysages
et les villages même,
venaient de naître.

Les images sont côte à côte
elles ne racontent pas d'histoires
elles sont là, comme un rêve naïf
qui frappe à la mémoire des années,

il y a des motifs, des personnages,
des symboles peut-être tout cela fait
comme une musique étrange on se souvient à peine
de son enfance quand on marchait dans la lumière
et soudain sur les pierres le monde
devenait plus certain.

Et nous avons grandi
et les images encore nous habitent
elles font dans nos rêves leur maison nomade
elles passent, monstre après monstre, d'un jour à l'autre
et parfois la courbe d'un visage nous apaise

on ne sait pas vraiment
les retenir
pour étancher la soif entre nous, du monde.

Les images sont près de nous
on les voit tous les soirs du monde entier
elles passent, monstre après monstre,

on les a mises ici côte à côte
et chacune à sa place
dans un effort peut-être pour comprendre
pour tendre entre l'horreur et la lumière
un passage

les images sont dans les pierres
depuis l'enfance du monde
elles tracent des passages.

On les a mises ici pour le rêve
inépuisable entre nous, pour la musique
pour ce qui reste, après les années
et qui frappe encore
dans la mémoire.

St-Mandé sur Brédoire, le portail sud