A la Croisée de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou
Tulle de Loudun
Y-a-t-il eu une spécialité de tulle à Loudun ?
par Jean-Claude Raymond
Table des matières
Le
tulle est un tissu léger formé d'un réseau de mailles rondes ou
polygonales. A cette définition le Petit Robert ajoute que le tulle
diffère de la broderie en ce que les fils ne sont pas
arrêtés. Il tient son nom de la ville de Tulle (France — Corrèze).
La forme des mailles permettent de distinguer différentes sortes de tulles, par exemple :
La coutume veut que le tulle de Loudun fut très prisé. Avait-il une caractéristique qui le distinguait des autres ? Sa qualité dépendait-elle d'un savoir faire particulier ? Nous allons essayer d'apporter plusieurs éclairages :
Dans ces conditions, on peut supposer que les protestants voire ceux qui s'étaient convertis et étaient restés sur place ne voyaient pas favorablement la création d'une manufacture qui aurait pu les concurrencer ou encore récupérer leur savoir faire. Il ne faut donc pas s'étonner du rejet du projet d'implantation de la manufacture de Colbert qui n'eut pas de suite.
La fabrication artisanale du tulle a disparu dans le Loudunais.
Sans pouvoir prétendre que les tulles que nous connaissons sont identiques à ceux qui étaient confectionnés au temps de Colbert, nous pouvons assurer qu'ils ont été faits dans le Loudunais.
Les photographies ci-dessous ont été faites à partir de coiffes, dites bonnets ronds à la tourangelle, faites par ma grand-mère paternelle Octavie Raymond, née Chéret vers 1880, ayant habité toute sa vie sur la commune de Ceaux-en-Loudun. Elle avait fait un apprentissage de lingère. Elle portait encore ce genre de coiffes au moins jusqu'à la guerre 1914-1918. Nous ne pouvons assurer que ce modèle de coiffe soit typiquement loudunais. En effet, il ne correspond pas aux exemples proposés dans le livre de Loudun d'autrefois par Gérard Jubert (pages 88 à 91 et 93). La référence complète de ce livre est donnée dans la Médiagraphie de Loudun.
D'autres coiffes ayant
été brodées et portées par ma
grand-mère ont été léguées au
Musée du Costume à Châtellerault.
Vue de la coiffe
Cette coiffe
a été réalisée et portée
entre 1900 et
1920 par ma grand-mère paternelle Octavie Raymond,
née Chéret. Elle se portait légèrement en
arrière du crâne de façon que
l'avant ne masquât pas le regard. La chevelure était
contenue dans la
partie supérieure de la coiffe. L'arrière assez ample
pouvait contenir
un chignon.
Le fond de la coiffe
En préparationDétail d'une des deux fleurs
Fleur brodée sur tulle en fond de coiffe. Travail
effectué vers 1900, par Octavie Raymond, née
Chéret.
La fleur a un diamètre d'environ 10 cm. Photographie Jean-Claude
Raymond.
L'autre fleur
Aujourd'hui, je suis frappé par la confrontation entre la symétrie apparente et des éléments dissymétriques qui ne peuvent être que voulus. Je veux parler de la répartition des petits cercles blancs représentant des baies. Certains sont isolés [1], d'autres sont accolés aux rebords de la broderie [2] ou n'apparaissent qu'à moitié [3], d'autres sont accrochés à des sortes de tige et en grappe [4], d'autres n'apparaissent qu'à moitié. Un seul pétale est vide [5]. Cette diversité outre le fait qu'elle est tout-à-fait conforme à la nature doit donc permettre de montrer l'aptitude de la dentellière à maîtriser des situations différentes.
Devant
L'avant de la coiffe comporte une sorte de visière.
L'avant que je nomme visière comprend trois parties :
Note : le galon intermédiaire n'est pas représenté sur le schéma.
Le galon de tulle
Vue de la coiffe
En préparation
Le fond de la coiffe
En préparationDétails
Le deuxième exemple de tulle également fabriqué à Loudun est un dessus de berceau fabriqué par les sœurs Marché en 1927. Une photographie est donnée dans le livre de Mémoire en Images Loudun et son canton par Thomas Thierry, page 58. La référence complète de ce livre est donnée dans la Médiagraphie de Loudun.
Dans les années 1930, à Loudun, il y avait une femme qui servait d'intermédiaire entre les brodeuses et un ou des vendeurs. Elle distribuait aux brodeuses qui le voulaient de quoi travailler.
Ma mère, née en 1894, faisait de la broderie dans sa jeunesse. Elle avait appris le métier de couturière et en même temps la broderie. Lorsqu’elle se maria en 1919 elle avait son trousseau brodé tout préparé ; comme beaucoup de jeunes filles à cette époque là.Je suis née en 1920, et je me souviens, qu’étant enfant, j’allais avec ma mère, avenue de la Gare à Loudun, chez Madame Paraud qui était dépositaire de travaux pour des brodeuses à domicile.
Les travaux se cantonnaient exclusivement en draps et taies d’oreillers à broder. Le tissu était une toile de lin blanc d’une qualité exceptionnelle. Le tissu était livré, prêt à être travaillé, draps et taies d’oreillers incluses.
La brodeuse n’avait plus qu’à tirer les fils, monter l’ourlet en bâti. Son travail ainsi préparé, elle n’avait plus qu’à faire ses jours de Venise avec un coton blanc fourni par la distributrice.Parfois, il y avait sur ces draps une broderie supplémentaire à faire et qui concernait les caractères enlacés des noms ou prénoms des destinataires de ces marchandises.
A cette époque, ce travail à domicile était très prisé par nos mères qui étaient femmes au foyer. Pour elles c’était un petit revenu supplémentaire, en dehors du budget familial. Il leur permettait une petite fantaisie dans leur dépenses de tous les jours.
Quelques années plus tard cette dame Paraud habita rue Porte Saint-Nicolas. Et ma mère continua pendant encore de longues années à travailler pour elle.
Il n’est donc pas étonnant, qu’après cet exemple, j’ai suivi un peu les traces de ma mère et que la broderie a été pour moi un bon passe-temps, ainsi que la dentelle au crochet très agréable aussi à confectionner.
Fernande Germain
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Dernière modification : 2013-12-08 - 10:17:59
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