Moissac, Quercy
Visage de saint Paul, trumeau du portail
Lichères, Angoumois
Voussure du portail ouest
Angoulême
Un ange, façade de la cathédrale
Argenton les Vallées, Poitou
L'Époux et une vierge sage, portail ouest
Nuaillé sur Boutonne, Saintonge
Un roi mage, portail ouest
Oloron Sainte-Marie, Béarn
Vieillards de l'Apocalypse, portail ouest
Poitiers
Façade de Notre-Dame la Grande, la Visitation
Saintes, Saintonge
Abbaye aux Dames, arcade latérale
Aubeterre sur Dronne, Angoumois
Chapiteau du portail ouest
Lamairé, Poitou
Oiseaux à la nacelle, chapiteau portail ouest
Rioux, Saintonge
Arcature façade ouest
Bussière-Badil, Limousin
Chapiteau de la nef
Vouvant, Vendée
Modillons de l'absidiole nord
Aulnay de Saintonge, Poitou
Visages des vertus, portail ouest
Souillac, Quercy
Visage d'Abraham, ancien trumeau
Besse, Limousin
Adam et Yahvé, portail ouest
Rétaud, Saintonge
Chapiteau pilier de la façade ouest
Beaulieu, Quercy
Le Christ, tympan du portail
Marignac, Saintonge
Chapiteau de la croisée du transept
Melle, Poitou
Église St-Savinien, voussure du portail sud
Civray, Poitou
Zodiaque, les Gémeaux, portail ouest

Les monstres, la violence,
les images en réseau
sur l'édifice.

La rigueur des modèles,
l'imaginaire,
la création...

Quel écho de l'art roman
n'est pas contemporain ?

Orner un arc, le couvrir d'éléments décoratifs, organiser les motifs... comment, dans le détail cela se met-il en place ? Le sait-on vraiment ?

Aulnay (17), façade ouest, baie aveugle côté nord

Nous n'avons sous les yeux que la suite de ces motifs, agencés de telle et telle manière, répétés côte à côte, mais parfois déformés aussi, déclinés.

Sans doute, le jeu y est pour beaucoup dans la manière de l'imagier. Le jeu mécanique comme on dit d'abord. Prenons une baie aveugle à la façade d'Aulnay : les motifs à l'intrados des voussures se répètent, de même dimension, claveau après claveau. Mais au sommet de l'arc, ici brisé, le motif est réduit, ramassé : l'imagier s'adapte toujours à l'architecture. Parcourons de plus près l'intrados de la seconde voussure. Les motifs en S se ressemblent, mais la largeur de chacun dépend de la taille de la pierre sur laquelle il est sculpté. Ce jeu sur le même et le différent est encore ici imposé par le matériau, bien que le tailleur de pierres eût certainement pu rendre les pierres plus régulières. La variation est peut-être tout à fait volontaire.

Sur une vue rapprochée de ces mêmes motifs, on se rend compte plus précisément de l'autre dimension, ludique, du jeu de l'ornement. Cette forme simple du S qui forme un motif est déjà largement enrichie de symétries, de courbes qui se répondent les unes aux autres. Mais observons bien les détails des courbes, des creusements, des incisions, des ligatures : tout se ressemble, mais rien ou presque n'est identique. On peut imaginer que la précision échappe au trait du ciseau de l'imagier, mais on peut croire aussi qu'il joue avec cette répétition, qu'il sait bien que la rumeur qui parcourt ses motifs leur est essentielle. Le bruissement du vivant doit en quelque sorte les nimber, comme le vent fait jouer entre elles les tiges et multiplie leurs visions à l'infini.

Le jeu, c'est aussi de puiser dans le vivier des motifs, de les marier entre eux, d'écrire avec eux comme le poète avec ses mots. À Corme-Royal, pointes de diamant, fleurs de marguerite, entrelacs divers font un écrin à une image que l'érosion a presque effacée. On ne voit que l'écrin, cet entourage rythmé, varié, à la fois frêle et certain de lui-même. Ce qui protège l'image et la sépare du monde, ce qui prend le regard, le dépouille de lui-même, comme une ascèse avant qu'il ne revienne puiser dans l'image. Il n'y a pas de justification aux motifs, à leurs agencements, sauf ce fonctionnement du regard qu'ils mettent en œuvre. Un jeu, avec ses règles souples qu'on enfreint parfois, comme dans l'enfance. Les imagiers mettent sur les pierres l'enfance éternelle du monde.

 Aulnay (17), façade ouest, baie aveugle côté nord
 Corme-Royal (17), façade ouest, baie aveugle nord