Soir, quand il pleut

Soir, quand il pleut.
Creuser au fond de la rumeur humide comme en soi,
sait-on jamais ce que la parole pourrait prendre dans ses filets,

dans ses écarts, à travers le peu du monde qu’elle dit, à travers
ce qu’elle échafaude, marée, souffle du vent.

La pluie, la nuit, rien ne résiste
à la peur comme elle, obscure.
On ne sait rien du temps, des territoires malmenés
des cris de l’autre côté des versants
les voyages ne tissent qu’un peu d’étoffe
qui brille à peine, que la mémoire déchire.

Je me love encore contre toi,
est-ce la fulgurance des autrefois que je cherche ?
Où est allé le monde le temps de soi-même,
ce qui est passé à peine
ce charroi qu’on tente de comprendre parfois,
le soir, quand il pleut
quand on voudrait que la parole
s’ouvre aux sourires des femmes,
dépasse un peu la solitude, qu’on touche
dans la rumeur humide qui se propage.

Et l’on se dit qu’un jour on sera submergé
recouvert par la musique du langage
qui ne dit rien qu’elle, mais
qui continue d’implorer.

Écriture 07/12/2021