Pua kumbu, ikat chaîne
Iban, Sarawak, Malaisie
Les églises du monastère
Noravank d'Amaghou (Arménie)
Voussure du portail
Foussais
Saintongeoise
Détail de la coiffe
Coiffe de deuil
Mazières sur Béronne
Il n'y a jamais...
Poème (Rémy Prin)
Bestiaire au portail sud
Aulnay
Détail d'un khatchkar
Gochavank (Arménie)
Carré du marais
St-Hilaire la Palud
Panneau de soie, ikat chaîne
Boukhara, Ouzbékistan
Tissu de flammé, ikat trame
Charentes, France
Motif à l'araignée, ikat trame
Okinawa, Japon
Fresques de l'abside
Kobayr (Arménie)
Détail d'une robe, ikat chaîne
Urgut, Ouzbékistan
Nous tentons...
Poème (Rémy Prin)
Visage
San Juan de la Pena (Aragon, Espagne)
Hinggi kombu, l'arbre à crânes, ikat chaîne
Kaliuda, Sumba, Indonésie
Détail d'un sarong, ikat chaîne
Sikka, Flores, Indonésie

Ce qui a duré
dans la mémoire des hommes,
ce qui fait culture,
paysages de la terre
ou pays de l'esprit,
ce qui peuple le voyage,
les vies, la plénitude,
le patrimoine, ce n'est rien
que ce lien fragile
de ce que nous sommes
à ce que nous devenons.

Chemins du vivant

Fragments d'un monde inquiet

La douce ballade des instants dans la mémoire,

ils écrivent une guirlande au long des vies,
l’histoire toujours interrompue, toujours recommencée,
ils restent dans le tréfonds de soi
lucioles si fragiles, musique à peine,
dont les notes parfois se dissolvent,
s’en vont de soi et c’est un bonheur perdu.

On passe dans le temps,
comme jeté sur des routes difficiles,
on passe, dans l’extrême attention
à ce qu’on croit être l’exactitude des gestes,
des actes, de ce qu’on trace à grand peine sur le monde,
mais on ne sait pas ce qui fait la lumière,
le doux chant des instants qui resteront longtemps,
en soi comme des témoignages,
comme des bribes qui n’expliquent rien
mais disent la chaleur des partages,
le fol espoir de l’amour.

On passe, on voit tout ce qui a duré,
ce qui s’est tissé le plus souvent à notre insu,
qui reste en lambeaux parfois,
qui fait signe en soi, de si loin
qu’on ne sait plus trop le moment
ni les êtres parfois,
seulement cette lumière qui chante encore
et qui revient des fins fonds de la mémoire,
sait-on encore ce qu’elle veut nous dire,
cette vieille chanson qui lutte contre le silence,
en quoi elle peut encore faire semence de tendresse,
continuer de tracer sur le monde ce mince chant ?

Écriture 03/10/24

Comme tous les ans que la mémoire ne compte plus
nous avons récolté les raisins

- cette année peu mûris au soleil peu ardent de l’été -
c’est l’automne, le temps de la mesure du temps qui passe.

Ici, tout en dedans de nous,
c’est le bonheur des marches quotidiennes
dans l’infinie douceur des collines
dont on connaît toutes les vues
toutes les histoires
depuis si longtemps que danse le temps.
Le bonheur ne s’explique pas
il se tisse, jour après jour comme le temps
dans la douceur infinie de nos regards
portés vers l’ailleurs, là-bas, au-delà des collines
en cet invisible point de notre finitude
- que savons-nous du temps vraiment ?
De ce qui passe ? De ce qui reste ?
Nous nous accrochons à l’éternité,
dans l’infinité de la nature qui s’en va vers l’hiver.

Au loin dans le monde,
c’est toujours l’hiver des guerres
des luttes sans répit
de cette couverture sombre qui lentement
vient sur l’univers
recouvre l’humanité
finit par éteindre même
toutes les joies des enfants.
Nous voguons au bord de l’abîme
sans bien regarder ce qui vient
nous ne connaissons pas les monstres
qui nous assaillent.
On voudrait tant toucher la lumière,
la voir se répandre au-delà de nous-mêmes,
mais nous savons si peu du bonheur,
si peu de ce qui mène les humains,
si peu du savoir même.

Écriture 24/09/24

Juste suivre la mélodie du monde
sa pente douce d’humanité

celle des sourires, des rires,
des courbes douces des corps,
celle qui se tient, radieuse,
dans le soleil de toutes les terres,
si loin de la mort.

Juste suivre l’innocence,
celle des enfants mais bien plus,
celle des êtres pétris du temps
qui sont revenus des épreuves,
ont forgé cette attitude, malgré tout,
du bonheur.

Peut-on en ces temps incertains,
signer encore la feuille
d’une voie si précaire, le bonheur ?
Ce qu’on ne sait pas de l’au-delà de soi
qui touche les proches
et toute la ribambelle des êtres
traversant les territoires près de vous.

Juste suivre la mélodie, la rumeur,
ce qu’on chantonne
et que l’on s’évertue à tisser
sans couture ni blessure.
Juste suivre dans l’intérieur
ce qu’on protège farouchement,
désemparés que nous sommes
devant l’immense cacophonie.

Écriture 20/07/24