Quelque part en Siounie, dans ce sud arménien, nous avions éprouvé cette étrange sensation d’être en rapport intime avec la terre, et ses espaces et ses plissements de montagnes immenses qui toujours ouvraient le regard vers l’ailleurs, dans les ambiances bleutées du ciel doux. En peu d’endroits, j’ai senti à ce point l’espace nous accompagner, comme à un apogée d’intimité et de grandeur.
C’est de l’autre côté du fleuve, dans ce quartier de la Nouvelle Joulfa, où les Arméniens s’installent après leur exil voulu par le Shâh Abbas Ier.
Sur cet îlot du lac de Van en Turquie où se dresse l’église d’Aghtamar, un pur chef d’œuvre de fresques et de sculptures du Xe siècle, nous avions rencontré un arménien de Tabriz qui avait fait le voyage jusqu’à Van, avec la grande ferveur intérieure qu’on connaît aux Arméniens, eux qui mènent souvent d’un même élan leur être, leur mémoire et souvent leur malheur.