C’est une photo, de celles que tu as gardées, un petit carré de papier ivoire aux bord gaufrés,
“ Comment nommer le malaise que nous ressentions ? Y avait-il encore quelque chose à dire, à faire ? ”
Soir, quand il pleut.
Creuser au fond de la rumeur humide comme en soi,
sait-on jamais ce que la parole pourrait prendre dans ses filets,
Au Grand Mont l’hiver, il n’y a presque personne, nous sommes avec le vent, avec la lumière changeante, avec le sentiment d’être portés ailleurs.
Nous marchons. C’est peut-être la vie, ou la douceur d’aimer encore
C’est septembre, et mes parents viennent de partir. Je serre les poings, j’ai le corps raide pour ne pas pleurer.
Certains livres vous marquent comme des brûlots, des sortes de trous noirs dont l’approche fascine sans rien résoudre, mais vers lesquels vous revenez de temps à autre pour éprouver leurs dires, leurs éclairs, ce qu’ils ont déchiré en vous.
Quand le chantier de la maison nous occupait trop, que les jours s’entassaient, finissant par se vider d’eux-mêmes à force de répéter les mêmes gestes – lambris, parquet, scie, pointes, marteau – quand le chantier diluait le temps, nous allions marcher au bord du golfe.
Au début, nous allons chercher le lait à l’écurie, juste à côté. Quelques bêtes, juste pour le lait. Puis Charlotte et Raymond prennent retraite. Alors on va à l’autre bout du village, quelques années.
À Taez je n’ai pas souvenir du palais de l’imam, ni des mosquées, ni des rues même, sauf cette ambiance bruissante où vont les hommes affairés qui parlent fort, où passent les femmes discrètes, dans le silence des voiles. La mémoire a gardé les instants d’après, ceux de la montée vers le Djebel Saber, au sud de la ville.
Jour de Noël. Dans ce mois très noir de la Bretagne, des trouées de lumière si rasante que tous les reliefs prennent leur envol.
Celle qui marche dans le bâtiment sombre
c'est la fin de la journée, il n'y a plus le bruit