Nous avons commandé un pommier, une demi-tige, pour qu’on ait des fruits avant de mourir, dis-tu.
Quelques jours à Istanbul, pour éprouver cette mêlée des cultures qu’on pressentait, mais qu’on n’a rencontrée nulle part ailleurs.
C’est dans l’hiver, après les nuits longues où les corps s’engourdissent. C’est après l’insensible moment des attentes, quand le corps reste reclus, forgé sur lui seul. Quand tout semble étal, enclos sur soi, quand on ne sait plus ce qui pourrait nous délivrer.
Qu’ai-je à puiser dans le lointain du temps qui ferait comme une eau claire pour ces temps-ci des vies ?
Je rouvre ce livre de Michel Deguy, Poèmes de la Presqu’île, publié il y a soixante ans, mais que j’avais acheté le 2 septembre 1970, à Nantes – c’est noté sur la page d’entrée.
Cela a commencé par la faillite de la Grèce, berceau de notre culture occidentale.
C’est une photo, de celles que tu as gardées, un petit carré de papier ivoire aux bord gaufrés,
“ Comment nommer le malaise que nous ressentions ? Y avait-il encore quelque chose à dire, à faire ? ”
Soir, quand il pleut.
Creuser au fond de la rumeur humide comme en soi,
sait-on jamais ce que la parole pourrait prendre dans ses filets,
Au Grand Mont l’hiver, il n’y a presque personne, nous sommes avec le vent, avec la lumière changeante, avec le sentiment d’être portés ailleurs.
Nous marchons. C’est peut-être la vie, ou la douceur d’aimer encore