Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Ererouk
Restes de la façade
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Ketcharis
Le bac à bougies
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Bjni
L'église Saint-Serge
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Areni
Pierre tombale près de l'église
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Aghitou
Une pierre tombale
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Moro dzor
Chemin dans le village
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Achot nous attend dans la rue basse de Kirants, inquiet malgré tout.

"Il serait temps de chercher un endroit pour dormir.

- On va s'arranger".

Mais Hemaïak veut encore prolonger ces instants de partage avec sa terre. "Il a dit tout à l'heure aux autres que vous vous intéressiez à tout." Nous repartons, cette fois vers l'ancien cimetière, au-dessus des maisons, envahi d'herbes.

Kirants, ancien cimetière, détail d'une pierre tombale
'...une femme près d'un métier à tisser...'

Je me sens saturé d'instants, ébloui tellement comme à chaque respiration d'intensité nouvelle, qu'on sait que cette plénitude tient de l'éternité. Les entrelacs des khatchkars ici, l'un sur l'autre penchés, disent aussi l'inépuisable. Il y a, plus bas, une pierre tombale, les lichens et la mousse la recouvrent. Et Monique et Sona la frottent de leurs mains, dégageant peu à peu les scènes, les personnages. Sur le rectangle de pierre, des signes de la vie d'avant, une femme près d'un métier à tisser, un cavalier et sa longue lance, des silhouettes debout autour d'un repas servi sur la table. Fragments côte à côte mêlés, profusion remplie de l'espace, visages minimes - quelques traits, le regard à peine qui surgit de la pierre. Nous formons devant l'image un cercle fasciné, comme devant l'antique dieu violent le groupe en communion, soudé, terrassé par ce qui le dépasse. Il n'y a pas de mort sur ces tombes, mais la vie racontée partout peuplant l'espace, et derrière la mousse, sur nos doigts ce métier qui fait la toile, inlassablement.