Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Aghitou
Une pierre tombale
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Moro dzor
Chemin dans le village
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Bjni
L'église Saint-Serge
Areni
Pierre tombale près de l'église
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Ketcharis
Le bac à bougies
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Ererouk
Restes de la façade

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Comme souvent, plusieurs demandes sont nécessaires au long de la route avant de localiser Kobayr, dernière halte de notre longue route du jour. On finit par s'arrêter près de voies de chemin de fer désaffectées. Quelques enfants, en face, curieux. Sona les questionne. "Oui, c'est bien là, il faut monter, les petites filles vont nous conduire." Petite marche épuisante par un sentier très raide, les fillettes dansent devant nous en riant, d'un rocher à l'autre. Des maisons sous de grands arbres, un vrai village qu'on ne voyait pas d'en-bas. Au-dessus, à flanc raide de montagne, des bâtiments étagés qu'on a construits là du XIIe au XIIIe siècle. La pente est telle qu'il a fallu par d'énormes blocs de pierre constituer un soubassement solide, avant d'ériger au-dessus, en appareillage plus soigneux, les églises elles-mêmes. L'entour des fenêtres et des portes est sculpté d'élégants motifs géométriques, l'œil s'y arrête furtivement, comme pour saisir un apaisement, dans ce lieu qui défie toute construction.

Fondé par la famille des Kourikians30, cet ermitage de la Très-Haute Mère de Dieu devient ensuite le domaine d'une famille Zakaride31 d'obédience chalcédonienne: dès lors, au XIIIe siècle, les inscriptions sont géorgiennes, avant que l'ensemble ne réintègre plus tard le giron arménien.

Octobre 451. À Chalcédoine, sur les rives du Bosphore, la chrétienté naissante réunit son quatrième concile. Les évêques arméniens sont absents. Les pères conciliaires affirment la dualité de la nature du Christ, pleinement humain et pleinement divin. L'église arménienne ne reconnaît pas la décision de Chalcédoine, elle pense que la nature du Christ déjoue l'entendement humain. Elle s'éloigne, pour longtemps, de Byzance et de Rome. L'Arménie chrétienne devient autonome et sans être iconoclaste plus tard, elle utilisera peu les "images", par souci sans doute de se démarquer de Byzance. Ici, à Kobayr, tout comme à Kirants hier, c'est l'influence géorgienne qui a permis les fresques.

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30 Kourikian: une branche de la dynastie des Bagratouni.
31 La famille Zakarian s'était jointe aux forces du royaume de Géorgie, où régnait des princes bagratides. Elle devint très influente au XIIe siècle.